Ce n’est pas les jeux qui rendent violent, mais leur difficulté (étude)

La causalité entre les jeux vidéo développant des environnements violents et l’agressivité générée chez les joueurs a fait l’objet de nombreuses études scientifiques. Une première catégorie de résultats annonce que ces jeux créent des joueurs très brutaux. Une deuxième catégorie met un bémol à cette annonce alarmante en indiquant pourtant qu’un effet est induit sur le comportement. Enfin, une troisième partie nie catégoriquement tout lien entre les jeux vidéo et l’agressivité des joueurs.

De nouvelles révélations

Andrew Przybylski de l’université d’Oxford et Richard Ryan de l’université de Rochester apportent de nouveaux éléments d’appréciation aux arguments qui existent déjà sur la question. Leur étude publiée en mars 2014 au Journal of Personnality and Social Psychology indique ainsi que l’agressivité des joueurs de jeu vidéo n’aurait rien à voir avec le contenu violent du jeu.

Elle serait plutôt liée à la frustration ressentie en face des complexités des étapes du jeu. C’est ce que dit le résumé de la recherche présenté sur le site de l’université de Rochester.

Les expériences menées dans le cadre de cette recherche

Des joueurs ont été amenés à tester des jeux violents ou non violents. Ces deux versions du jeu de tir Half Life 2 ont été jouées par deux groupes différents de joueurs, annonce la BBC. Les joueurs n’ont pas été formés sur la technique du jeu.

À la suite de cette observation, il a été remarqué que ceux qui n’avaient reçu aucun tutoriel du jeu ont été moins performants et plus irascibles que ceux qui jouaient aux versions plus agressives. Il en ressort que ne pas comprendre le jeu ou simplement perdre a plus d’effets néfastes sur le comportement des joueurs que le contenu même du jeu. Pour Andrew Przbylski, un joueur jette ses manettes après avoir perdu à cause de l’immense colère que génère cet échec.

jeux-violents

Un tout nouveau point de vue

D’autres études avaient déjà permis de déceler l’agressivité des joueurs à la fin de leurs parties. Vanessa Lalo, une psychologue clinicienne spécialisée dans les jeux vidéo, démentait tout lien entre la violence des jeux et celle des joueurs dans une interview donnée au Nouvel Observateur. Elle précisait ses propos en indiquant que l’adrénaline est la cause de l’agressivité du joueur après un échec au jeu, mais que cette adrénaline disparaît au bout de 15 minutes.

Pour Richard Ryan, la violence du jeu n’a aucun lien avec l’apparition de l’adrénaline, et cela se constate même sur les terrains de sport où des joueurs peuvent faire preuve d’agressivité devant la défaite. Le chercheur demeure cependant prudent dans son interprétation. Les résultats de l’étude ne montrent pas que les contenus violents n’ont aucun effet sur les joueurs. Ils expliquent juste que la violence d’un joueur provenait de l’impression d’impuissance éprouvée lorsque l’on ne peut rien contrôler et non nécessairement à cause du jeu. En conclusion, l’on ferait mieux d’être sur ses gardes lorsqu’on est en face des joueurs de 2048 qu’en face de ceux de GTA ou de Call of Duty.